Damas, envoyé spécial.
C'est une machine infernale qui s'appelle la paix. Après plus de trente ans d'état d'urgence, qui permettait de tout justifier, en particulier la fermeture du pays et l'extraordinaire immobilisme qui y règne, les nouvelles relations existant entre Damas et Israël vont placer le président Hafez el-Assad face à d'autres défis, plus lourds en risques de déstabilisation pour son régime. La paix entre les deux Etats bouleverse en effet toutes les cartes, à l'heure où les échéances économiques se font de plus en plus angoissantes pour la Syrie.
Prétextes. Jusqu'à présent, l'état de belligérance avec Israël offre bien des avantages. D'abord, il permet de mobiliser une armée de quelque 340 000 hommes, principalement déployés au Liban et le long du Golan. Ensuite, c'est un prétexte commode pour justifier une répression impitoyable et systématique de toute opposition et l'omniprésence d'au moins cinq puissants services de sécurité. Enfin, il sert à légitimer la sclérose de l'économie, voire l'imposition de certaines taxes, comme celle sur les produits pétroliers, supposées financer l'effort de guerre. «Si la paix est signée, tous ces prétextes tombent. Le régime ne pourra plus évoquer le conflit avec Israël pour justifier les larmes de sang qu'il impose à la population», commente un spécialiste occidental. En premier lieu, ce qui retient l'attention, c'est l'état déplorable de l'économie syrienne et l'incapacité des dirigeants à organiser la moindre réforme. A l