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Libération

Dimanche, la Russie vote pour les législatives. «Palais royal», l'hôtel des misères. L'avis des habitants d'un immeuble communautaire de Saint-Pétersbourg.

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publié le 17 décembre 1999 à 2h25

Saint-Pétersbourg, envoyé spécial.

Au fronton de l'immeuble, le nom est resté gravé: «Palais royal». En lettres russes, mais en français dans le texte. En 1876 s'ouvrit là, 20, rue Pouchkinskaïa, l'hôtel Palais Royal. Cinq étages de chambres meublées et bon marché, une aubaine pour la bohème pétersbourgeoise. Le jeune Chaliapine habita dans ce Chelsea russe, Maïakovski y séjourna en 1913, ainsi que Bounine et bien d'autres. Une vieille cantatrice raconta tout cela à sa petite fille Natacha devenue poète. Lorsque la cantatrice mourut en 1975, la poétesse eut la permission d'emménager dans la chambre reconvertie depuis longtemps en «studio» sans salle d'eau, sans cuisine, sans toilettes.

Appartements communautaires. Natacha habite toujours dans cet ancien Palais Royal, devenu un immeuble communautaire, une kommunalka. Légende et cauchemar de l'époque soviétique, ces appartements n'ont nullement été emportés avec la fin du régime communiste. A Saint-Pétersbourg, 40% des logements sont encore communautaires, surtout en centre-ville, c'est le cas du Palais Royal. On retrouve cette situation dans bien des villes de Russie. Certains rachètent les pièces, une à une. Rénovée et réunies, elles redeviennent un appartement vendu à des «nouveaux russes» ou loué à des étrangers. Il n'est pas rare qu'un même immeuble abrite des appartements ainsi privatisés et des kommunalkas.

Le Palais royal est lui resté totalement communautaire: deux appartements collectifs par étage. Avec deux cuisines et