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Libération
Interview

Pour le professeur Gilbert Desfosses, l'affaire est éthiquement très discutable. «Cette transgression médicale a-t-elle un sens?»

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publié le 17 décembre 1999 à 2h25

Gilbert Desfosses est responsable de l'unité de soins palliatifs de

l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et président de la Société française des soins palliatifs. Il commente pour Libération l'«affaire Milagros».

«Ce qui me frappe d'abord, à titre personnel, c'est le refus d'accepter la mort, d'accepter la violence du décès de cette jeune femme. C'est le refus de cette évidence qu'elle est morte. On se rattache à une promesse passée, celle de tout faire pour sauver l'enfant. Mais quel est le sens de cette promesse? Il n'y pas de père, semble-t-il, juste une famille en total désarroi. Ensuite, bien sûr, on pense à l'enfant: passer des semaines dans le corps sans vie de sa mère, qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire? Des semaines, comme cela. On peut craindre et imaginer tous les désordres futurs. Cela nous renvoie à cette notion de transgression. D'ordinaire, ou en tout cas socialement, on peut accepter des transgressions si elles sont porteuses de progrès, d'amélioration. Là, où est le progrès? Où est le bénéfice? Pour l'enfant? Pour la famille? Pour les médecins? Dans quelle mesure cette transgression médicale a un sens?

On parle, en Espagne, de prouesse technique" De ce que j'en sais, je ne vois pas dans cette affaire beaucoup de prouesses techniques. Plutôt un emballement de la réanimation qui n'a pas su s'interroger à temps. On réanime, et après on voit. Cette jeune femme, donc, aurait fait une hémorragie méningée. Quand cela survient, et avant de porter un diagn