Tokyo, envoyé spécial.
Pas facile d'être un Premier ministre français en visite au Japon. Vaillamment, pendant quarante-huit heures, Lionel Jospin a tenté de faire entendre sa petite musique de politique étrangère. Mais s'il reconnaît à ce déplacement le seul hors de l'Europe au cours de ce trimestre, à l'exception d'un discours au siège de l'ONU la vertu d'un «changement de lieu, de vision», le Premier ministre a été accueilli avec peu de passion. Au Japon, la France reste synonyme de bonne bouffe et, dans les milieux économiques, des 35 heures. Le président du patronat japonais n'a-t-il pas demandé hier au gouvernement français et aussi au gouvernement japonais, il est vrai de faire preuve de «plus de libéralisme»?
La petite musique de Jospin, c'est d'abord une autopromotion des résultats économiques engrangés par son gouvernement. Des résultats loués même par l'OCDE, a-t-il rappelé aux patrons japonais. Mais c'est surtout une façon très caractéristique de chercher des points de convergence avec ses interlocuteurs. Déjà, l'année dernière, à Pékin, il s'était employé à souligner les intérêts communs de la France et de la Chine, notamment face à la domination monétaire des Etats-Unis. Un communiqué conjoint avait été publié, sans grande suite. De même, ici, une longue déclaration commune illustre le rapprochement des deux pays sur des sujets où les Etats-Unis tentent d'imposer leur vue, telles l'OMC et l'aide aux pays du tiers monde.
«Ça ne va pas bouleverser le monde,