Tokyo, de notre correspondante.
L'heure est tardive lorsque le grand chambellan s'avance gravement vers les caméras de télévision. Depuis le matin, toutes les chaînes diffusent en boucle des reportages sur le couple princier. Six ans après son mariage arrangé, la princesse Masako serait enceinte. Mais les nouvelles qu'apporte le fonctionnaire du palais ne sont pas bonnes. «Les tests pratiqués par la princesse ne permettent pas de déterminer si elle est enceinte ou non», annonce-t-il. «La possibilité qu'elle le soit demeure», s'empresse-t-il d'ajouter. A travers tout le pays, c'est la consternation. Car les Japonais avaient commencé à y croire pour de bon. Des fuites, précises, provenant de l'intérieur de la maison impériale annonçaient un heureux événement: un test des urines de la princesse s'est révélé positif. Déjà, les commerçants se frottaient les mains. Un bébé princier, c'est bon pour les affaires, car il faut faire des cadeaux! Dans les restaurants, on commençait à préparer des menus Masako. «Une soupe spéciale pour célébrer la naissance», expliquait encore, le matin même, le patron d'un restaurant sur une chaîne de télévision en montrant un grand bol dans lequel nageaient d'épaisses nouilles japonaises saupoudrées de condiments roses. Enceinte, pas enceinte? Le suspens reste donc entier. Et les voeux pressants pour que la princesse mette au monde un héritier mâle sont plus forts que jamais. Si c'est un garçon, il sera en effet le premier nouveau-né mâle de sang roya