Caracas, de notre correspondant.
Les «ranchitos» (bidonvilles) accrochés aux flancs des montagnes qui ferment la vallée de Caracas offraient, vendredi matin, un spectacle de désolation. A la Pastora, la Cotza, à la Sabana del Blanco, à San Berardino, les étroites ruelles en pente ressemblaient à des rivières en crue. Sur la crête des eaux boueuses flottaient des lits, des fauteuils arrachés aux maisons de tôle ou de carton. «Nous avons vécu comme une espèce de fin du monde», sanglote Luisa Martinez qui, toute la nuit, a escaladé avec mari et enfants la colline de Blandin pour échapper à la menace des eaux. La famille a été recueillie dans l'enceinte du centre sportif des Nations unies de la capitale vénézuélienne, avec 2 500 autres sans-abri.
«Mais c'est près de 100 000 sinistrés qu'il nous faut secourir dans tout le pays», estimait vendredi aux premières heures du jour le ministre de la Défense, le général Raul Salazar, chargé par le gouvernement d'appliquer «l'état d'alerte» décrété jeudi. C'est en effet la plus grave catastrophe naturelle que le Venezuela doit affronter depuis le tremblement de terre de 1968. Selon Salazar, les pluies torrentielles qui avaient débuté il y a une quinzaine de jours, mais dont l'intensité a redoublé dès mercredi, ont détruit plus de 5 000 «ranchos» où s'entassent 80% de la population de Caracas la plus pauvre , et sur l'ensemble du territoire ce sont des dizaines de milliers de Vénézuéliens qui ont tout perdu. D'après le général Salazar, le