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Libération
Reportage

MACAO, L'ENTRE-DEUX-MONDE. Macao rime avec Chicago.

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Casinos, triades. Les mafias chinoises ont réussi à s'introduire dans «l'enfer du jeu». Pékin a déjà envoyé des troupes d'élite.
publié le 18 décembre 1999 à 2h24

Le degré de tension qui régnait dans la petite salle vient d'augmenter d'un cran. Au quatrième étage du casino Lisboa, le lieu de perdition le plus réputé de Macao, dans la salle de baccara aux tentures sombres, un homme est en train de voir vaciller son destin. Epaules larges, cheveux coiffés en brosse, de plus en plus voûté sur ses cartes. Un Chinois. Sans doute un officier en civil de la garnison de la province proche du Guangdong, comme le trahit son allure. Il parle par petites phrases sèches au banquier qui lui fait face, avec un fort accent cantonais.

Aube sordide. Il est cinq heures du matin. Les autres joueurs ont déserté la salle, par peur d'être contaminés à leur tour par la malchance. Ou d'assister à une aube sordide qui paraît inéluctable. Il ne reste que l'homme et le croupier qui le regarde avec un air consterné et las. Sur la table, une calculatrice à cristaux rouges affiche le score. L'homme a déjà perdu 1,5 million de patacas contre la banque du casino (1,2 million de francs).

Vautours. «A vous de jouer», lance le croupier d'un ton faussement enjoué. L'homme a remis sur le tapis un jeton de 100 000 patacas (80 000 F), la mise la plus basse acceptée dans ces salles de VIP. Il regarde ses cartes. Ses mains tremblent. La sueur s'échappe de son cuir chevelu. Encore un dix. «Baccara», annonce le croupier. Perdu! Les cristaux rouges s'affolent. Sur le petit écran clignote le nouveau chiffre. Un million six cent mille patacas. Le jo