Moscou, de notre correspondant.
A l'image du pays, des moeurs politiques et économiques ou de la guerre en Tchétchénie, la campagne électorale dans les médias n'aura guère fait preuve de dignité ou d'équité, et aura souvent privilégié la propagande. Rien d'étonnant, puisque les médias nationaux sont entre les mains de grands groupes financiers tenus par des oligarques et qui mettent leur force de frappe médiatique à la portée du candidat et du parti (ou coalition) qu'ils soutiennent et, plus en pointillé, d'autres qu'ils encouragent en sous-main.
Matraquage. Il y a peu, Unité, le parti dirigé par Sergueï Choïgu, le ministre des Situations d'urgence, n'existait pas. Il a été créé pour engranger les voix favorables au Kremlin, alors que la popularité du président Eltsine était au plus bas. Vladimir Poutine, le Premier ministre qui fait exploser l'Audimat, a dit qu'en tant que citoyen il donnerait son suffrage à ce parti-là. Il l'a dit devant les caméras des télévisions russes, ORT (chaîne semi-publique) et RTR (la chaîne d'Etat) en tête. Depuis, aux actualités de ces chaînes, on a droit quotidiennement à l'anorak à taches rouges du candidat Choïgu faisant campagne. On peut appeler ça du matraquage. Il est efficace. Si bien que parti de zéro en septembre, malgré un Choïgu pas très brillant et une absence totale de programme, Unité a réussi sa percée.
Cette capacité télévisuelle à faire monter la mayonnaise se double d'une force de nuisance exceptionnelle. Depuis septembre, chaque