Washington, de notre correspondant.
«Papillon» a gagné. Julia Hill, 25 ans, était la Jeanne d'Arc des écologistes radicaux depuis que, le 10 décembre 1997, elle était grimpée au sommet d'un redwood, un de ces conifères géants des dernières forêts vierges qui, jadis, couvraient la côte nord-ouest des Etats-Unis. Depuis, elle avait vécu perchée dans cet arbre, vieux de plus de 600 ans, qu'elle avait baptisé «Luna». Militante de l'organisation Earth First!, la fille de pasteur itinérant qui avait été un temps mannequin expliquait «avoir entendu l'appel de la forêt, et décidé de servir d'instrument à la volonté divine ["]: mettre fin au viol de la forêt et de faire en sorte qu'on cesse de mettre le dollar tout-puissant avant le respect de la Nature». Elle avait juré de rester dans son arbre tant que la société forestière Pacific Lumber menacerait de l'abattre. Elle y a demeuré jusqu'à samedi, soit 737 jours d'affilée malgré des vents atteignant 150 km/h, des pluies diluviennes et des hivers où la neige enfouit la forêt de Headwaters, à 400 km au nord de San Francisco. Et elle a gagné.
Vendredi, le PDG de Pacific Lumber a signé un accord avec le Sanctuary Forest Fund, qui soutenait «Papillon». Le groupe de protection de l'environnement versera 50 000 dollars (300 000 F) à la société, en dédommagement des revenus perdus. La société lui cède en échange la propriété de «Luna» et des arbres l'entourant dans un diamètre de 60 mètres. Julia est descendue de l'arbre, et elle a réappris