Vienne, de notre correspondant.
En Autriche, pactiser avec l'extrême droite n'a rien de tabou. Au contraire. Deux mois et demi après les élections du 3 octobre marquées par la poussée du parti «libéral» (extrême droite) de Jörg Haider, aucun nouveau gouvernement n'a encore été formé, et de nombreuses voix s'élèvent, dans le camp conservateur, pour réclamer de «tenter l'expérience avec M. Haider». Dernier en date: Christoph Leitl, nouveau chef de l'Union des entrepreneurs, un syndicat patronal proche de l'ÖVP (droite sociale-chrétienne). Dans le très sérieux hebdomadaire Profil de cette semaine, il déclare en effet que «les sociaux-démocrates ne veulent, ni ne sont capables, d'une quelconque réforme». Pourquoi pas, alors, une alliance avec le FPÖ de Jörg Haider? «Si quelqu'un remplit les conditions que réclame l'économie, peu importe de quelle couleur politique il est vêtu», estime ainsi Christoph Leitl. Quand on sait que le syndicat que dirige Leitl est majoritaire au sein de la Chambre de l'économie (représentative des intérêts de l'ensemble du patronat) et que, dans le système de «partenariat social» dans lequel baigne l'Autriche, le pouvoir de cette chambre est presque égal à celui du gouvernement, on mesure mieux l'enjeu de telles déclarations. Et le risque qu'elles représentent pour l'avenir d'une démocratie ouverte en Autriche.
Le cas de Leitl est loin d'être unique. Il témoigne en tout cas de l'état de désarroi dans lequel se trouve la société autrichienne face à l'immo