Oublié le pas de deux de Jiang Zemin avec Bernadette Chirac, par un
soir d'automne dernier en Corrèze: la Chine est en colère contre la France. Objet de l'ire des dirigeants de Pékin, la vente d'un satellite d'observation français à l'île nationaliste de Taiwan, annoncée le 9 décembre par les autorités de Taipeh et le groupe Matra Marconi. La Chine, qui vient de relancer son offensive en faveur du retour de la «province rebelle» taïwanaise à la «mère patrie» chinoise, a déjà effectué des démarches diplomatiques discrètes auprès de l'ambassade de France à Pékin et auprès du ministère des Affaires étrangères à Paris. Sans grand succès, Pékin semble décidé à porter sur la place publique ce désaccord, et menace la France d'une crise, quelques semaines après la visite du président chinois en France, en octobre, à laquelle Jacques Chirac avait donné un éclat exceptionnel.
Engagements. Certes, le contrat annoncé, d'un montant de 480 millions de francs, porte sur un petit satellite d'observation de 600 kilos à vocation civile, et le commanditaire est un organisme public taïwanais, le Conseil national scientifique. Mais les Chinois n'ont guère de difficultés à faire valoir que ces satellites entrent dans les technologies duales, c'est-à-dire aussi bien civiles que militaires. La précision des instruments d'optique du satellite, qui devrait être opérationnel en 2003, sera de deux mètres, moins que celle du satellite militaire français Helios qui est d'un mètre, mais cinq fois mieux que