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Libération

Le Venezuela dévasté en proie aux bandes de pilleurs. Le président Chavez en a profité pour renforcer son pouvoir.

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publié le 24 décembre 1999 à 2h20

La Guaira, envoyé spécial.

Cheminant côte à côte, les quatre gardes nationaux, le doigt sur la gâchette de leur mitraillette, inspectent les conteneurs éventrés d'une entreprise canadienne de fruits et légumes. «Nous sommes arrivés trop tard, explique le lieutenant Montiel, les pilleurs ont tout raflé, pommes, poires, raisins, noix, importés pour les fêtes de Noël, époque à laquelle nous consommons traditionnellement ces fruits exotiques pour nous.»

Conteneurs éventrés. Dans la nuit noire, la patrouille s'enfonce dans une ruelle parsemée de profondes crevasses, comme toutes les artères autrefois rutilantes du port de La Guaira, la vitrine économique d'import-export maritime du pays, à l'entrée de l'Etat de Vargas, martyr des inondations. Là, des milliers de conteneurs attendent d'être dédouanés par leurs propriétaires. Des centaines d'entre eux ont été allègrement pillés par la population: nourriture, mais aussi téléviseurs, électroménager ou moteurs de voiture. D'autres ont été engloutis par les coulées de boue et s'empilent comme un monstrueux château de cartes.

«Pour les denrées alimentaires, explique le général Raul Salazar, ministre de la Défense, on a laissé un peu filer; mais on doit répondre à ce qui constitue désormais des opérations organisées par des bandes armées.» Mercredi, Salazar a désigné à la hâte des brigades antipillages. Cinq cents hommes ont été déployés dans l'Etat de Vargas. Et multiplient les barrages dans le port mais aussi sur la route rouverte du lit