Un visiteur de passage s'y tromperait: le calme qui régnait hier à Abidjan laissait croire à un dimanche ordinaire. Bus et taxis roulent à nouveau, quelques boutiques ont ouvert leurs portes. Les passants circulent. Mais, dans les rues du Plateau, le quartier des affaires, les badauds qui passent ont le ventre creux. Voilà trois jours qu'ils vivent sur leurs réserves, attendant la fin des pillages. Rue du Commerce, les emballages de matériel électronique jonchent le sol. Selon un voisin qui a observé la scène, «les militaires se sont servis dans la nuit de vendredi à samedi, de 20 heures à 5 heures du matin; télés, radios, téléphones cellulaires, ils ont tout chargé dans des voitures et des camionnettes. Ensuite, les voyous sont passés prendre les restes».
Tirs à vue. Mais la situation a basculé samedi après-midi. Devant les caméras de télé, les chefs des différents corps font allégeance au nouveau numéro 1, le général Robert Gueï. L'un après l'autre, les chefs de l'état-major, de la gendarmerie, des douanes, de la police affirment leur soutien aux putschistes. Après 48 heures de désordre, la reprise en main peut commencer. Les violations du cessez-le-feu instauré entre 18 heures et 6 heures du matin sont désormais sanctionnées par des tirs à vue. Bilan provisoire: plusieurs dizaines de blessés et un mort. Dimanche matin, le numéro 2 de la junte, le général Palinfo, a enfoncé le clou en appelant les responsables des forces de sécurité à mettre un terme défini