Le putsch de Noël en Côte-d'Ivoire confirme ce que de récents coups d'Etat l'an dernier, au Nigeria et, cette année, au Niger, aux Comores et en Guinée-Bissau avaient déjà suggéré: même dans une Afrique «démocratisée» sous la pression des bailleurs de fonds, l'alternance au pouvoir passe par les casernes non par les urnes. C'est une mauvaise nouvelle. Quand le général Gueï assigne comme objectif au Conseil national du salut public, la junte qu'il préside, la tâche de «créer les conditions nécessaires pour une démocratie réelle, avec la perspective d'organiser des élections justes et transparentes», on peut craindre que cette «perspective» soit lointaine. Mais, surtout, on comprend que la Côte-d'Ivoire, comme tant d'autres pays du continent, s'était installée dans un simulacre de démocratie, avec des élections truquées ou rendues insignifiantes par le boycottage de l'opposition ou le «forfait» de vrais rivaux pour le Président.
Sortie pitoyable. Henri Konan Bédié travaillait, justement, de toute son énergie à l'éviction de son challenger à la prochaine présidentielle, Alassane Ouattara, prétendument de «nationalité douteuse», lorsque les mutins ont fini par enfoncer les portes ouvertes de la présidence. Le pouvoir en place s'est révélé creux, même le parti du Président n'étant pas prêt à le défendre. C'est ainsi qu'on a vu son secrétaire général et ministre de la Solidarité nationale, Laurent-Dona Fologo, entériner le «changement» imposé par les militaires