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Libération

New York veut en finir avec les homeless.Le maire souhaite interdire la rue aux sans-abri et les forcer à travailler.

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publié le 28 décembre 1999 à 2h17

New York, de notre correspondant

Dans le froid de la nuit qui tombe, ils sont une cinquantaine à se serrer les uns contre les autres, coincés entre deux murs, tout près de Port Authority, la plus grande gare routière de New York. Une cinquantaine d'ombres, que personne ne semble remarquer. Certains sont emmitouflés dans des couvertures, pieds nus, d'autres ont le visage enfoui dans des écharpes à moitié déchirées. Tous sont venus pour la même chose: la petite camionnette blanche qui vient de s'arrêter, synonyme d'un bol de soupe et d'une ration de riz. «Quand vient l'hiver, c'est là que c'est difficile, murmure George, un grand gaillard qui grelotte dans un pull trop petit, le froid, c'est le plus grand ennemi des homeless. Et maintenant, on a la police sur le dos.» A 45 ans, George vit dans la rue depuis plus de quinze ans. Un jour, sa femme l'a quitté avec ses enfants. Il est entré en dépression, a perdu son boulot et du jour au lendemain, s'est retrouvé sans toit. «Au début, c'était l'enfer, mais jamais on a été traités comme actuellement, lâche-t-il, le regard dans le vide, la semaine dernière, j'ai été arrêté parce que je dormais dans le recoin d'une porte. Je ne voulais pas bouger, alors j'ai passé la nuit au poste. On nous considère comme des criminels.»

Interpeller les plus récalcitrants. Entre Noël et jour de l'an, New York ne montre guère de compassion pour ses sans-abri. Le 19 novembre, le maire, Rudolph Giuliani, a décrété que «les homeless n'auraient plus le dro