Rio Chico envoyé spécial
«Ici, ça fait neuf jours que nous ne disposons plus d'une goutte d'eau potable, s'affole Yokoï, la responsable du village de Rio Chico Arriba, à une centaine de kilomètres à l'est de Caracas. Les femmes, les enfants font parfois des dizaines de kilomètres à pied pour rapporter le précieux liquide.» «Nous sommes un peu plus de 500 habitants, ajoute la jeune femme. Chacun se débrouille comme il peut, fait sa toilette, lave son linge dans la rivière. Certains, même, malgré nos mises en garde, boivent son eau, ce qui a provoqué de terribles diarrhées chez les plus faibles.»
Rio Chico Arriba, où l'on accède par un chemin boueux, était il y a trois jours encore noyé sous un mètre d'eau. Le village n'est distant que d'une quinzaine de kilomètres de la station balnéaire de Rio Chico, autrefois, avant le 15 décembre il y a une éternité , lieu de villégiature de la bourgeoisie de Caracas. C'est l'un des villages de l'Etat de Miranda qui a failli être complètement englouti par les pluies et où, raconte encore Yokoï, «la plupart d'entre nous n'ont survécu qu'en se hissant sur les toits de leurs maisons, où ils ont parfois passé soixante-douze heures avant d'être secourus».
Quelques kilomètres plus au sud, à Los Cerritos et El Rosario, les propriétaires de vieux camions qui ont miraculeusement échappé au déluge ont installé de grandes citernes sur les plates-formes. «Nous faisons quatre ou cinq voyages par jour», explique Miguel, qui, aidé d'une dizaine de jeunes