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Libération
Reportage

L'indépendance ne fait pas l'unanimité

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publié le 3 janvier 2000 à 22h11

«Pourvu qu'on arrive bientôt à Chaami-Iourt, et pour le reste tout ira bien!», déclare en riant un habitant de ce village de 3 000 personnes, rapportant en fait les propos d'un officier russe. Souslansbek, chauffeur de taxi pour faire vivre ses quatre filles, un garçon et un autre enfant à venir, est à la fois fier et décontenancé par ce qu'il avance: «Il paraît que les Russes se souvenaient de notre village du temps de la première guerre! Si facile à prendre, si agréable à vivre, sans aucun combattant!» Souslansbek est le dernier garçon d'une famille de six enfants dont les racines sont dans ce village depuis toujours. Après la première guerre russo-tchétchène (1994-1996), ses trois frères avaient repris leurs activités professionnelles à Grozny et ses deux soeurs, également mariées avec enfants, s'étaient, à leur tour, éloignées du noyau familial. Mais cette seconde guerre a de nouveau réuni toute la famille. Mais, à la différence du consensus qui y régnait lors du premier conflit, l'«opération antiterroriste», lancée par la Russie sur le territoire tchétchène, divise cette fois radicalement la famille, rendant toute conversation politique quasiment intenable.

Erreurs de Maskhadov. Les deux aînés, Rouslan, 47 ans, et Aslanbek, 43 ans, sont très hostiles à l'idée même d'indépendance, alors que les deux cadets, Nazarbek, 39 ans, et Souslansbek, 37 ans, soutiennent quoi qu'il arrive la guerre et les indépendantistes. Ce fossé divise la génération qui a vécu so