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Libération

Poutine prend ses marques à Grozny.Sitôt intronisé, le nouveau président s'est rendu sur le front.

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publié le 3 janvier 2000 à 22h11

Moscou de notre correspondant

Le soir du 31 décembre, quelques heures après la démission-surprise du président Eltsine et la nomination comme président par intérim du Premier ministre Vladimir Poutine, la loge présidentielle au Bolchoï resta vide. Le Président n'est pas venu honorer le bal huppé (400 à 1 500 dollars le ticket d'entrée) qui s'y donnait au parterre, tandis que les loges étaient transformées en salons pour dîner fin. Sept cents «nouveaux Russes» (nouveaux riches), politiciens et stars du show-biz s'étaient donné rendez vous pour fêter l'an 2000.

Affublé d'une flamboyante cravate rouge sur un smoking, l'homme d'affaires, Boris Berezovski joua l'histrion de service pour meubler le vide. L'ex- président Boris était dans sa résidence de Gorki 9 entouré des siens et, paraît-il, décontracté comme il ne l'avait plus été depuis longtemps. Le président Poutine était ailleurs. Il s'était envolé pour le Caucase avec, bien entendu, une équipe de télévision, mais d'abord avec sa femme, qui effectuait là sa première sortie publique. Et c'est dans un hélicoptère, au dessus de la Tchétchénie, qu'il trempa ses lèvres dans du champagne russe sur le coup de minuit. Encore simple Premier ministre au matin du 31, lui, l'ex-officier du KGB, entra dans le XXIe siècle dans la peau d'un président russe.

Ce dénouement était écrit mais non daté. Eltsine, qui aime les symboles et les livres d'histoire, sut choisir l'heure et le jour. Le scénario avait été préalablement rédigé par «la Famill