Madrid, de notre correspondant.
Reine en exil pendant la dictature, simple comtesse de Barcelone depuis l'avènement de la démocratie, la mère du roi d'Espagne Juan Carlos 1er n'aura jamais connu le grand destin dont elle rêvait. Doña Maria de las Mercedes de Bourbon, 89 ans, décédée dimanche à Lanzarote une île de l'archipel canarien , où elle passait le nouvel an, n'avait pourtant jamais cessé d'être populaire en Espagne. En témoignent les milliers de gens qui, depuis hier matin, jouent des coudes pour venir se recueillir sur sa tombe, placée dans la chapelle ardente du palais royal, à Madrid. Dans la journée, les messages de condoléances n'ont cessé d'arriver, y compris de la part des nationalistes basques modérés et catalans. Les autorités madrilènes ont décrété trois jours de deuil. La mort de doña Maria, due à un arrêt cardiaque, a surpris tout son monde: malgré son grand âge, elle jouissait d'une bonne santé.Hier, le respect très espagnol pour la famille royale n'était pas démenti. Radios et télévisions ont chamboulé tous leurs programmes pour rendre hommage à la «mère de l'Espagne», selon l'expression de certains chroniqueurs enflammés. Au milieu du concert attendu de louanges et de gloses sur sa trajectoire historique, l'unanimité se faisait sur son rôle décisif au moment de la transition démocratique. En 1969, le général Franco désigne Juan Carlos, fils de don Juan, comme son successeur. En exil depuis des décennies, le monarque virtuel prend ombrage de ce choix.