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Libération

Massacre de coptes en Egypte: 25 morts. Ces émeutes anti-chrétiens sont les plus violentes depuis 1981.

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par Patrick ANGEVIN
publié le 4 janvier 2000 à 22h10

Le Caire, de notre correspondant.

Fayez Awad, un musulman, voulait acheter des tissus à crédit. Rachad Fahim Mansour, le marchand chrétien copte, a refusé. Le ton est monté. Fayez Awad a tourné les talons pour revenir accompagné de ses frères, armés de fusil. Les premiers coups de feu sont partis. C'est apparemment ainsi qu'ont débuté, vendredi à Al-Kocheh, à 450 km au sud du Caire, les plus violentes émeutes interconfessionnelles que l'Egypte ait connues depuis 1981. «Corps brûlés». Dimanche, dans cette bourgade de 24 000 habitants, ce sont des scènes identiques de batailles rangées qui ont opposé chrétiens et musulmans. Les deux camps ont échangé des tirs depuis le toit des maisons. Les troubles se sont ensuite étendus aux villages voisins d'Awlad Tok et de Dar es-Salam («la maison de la paix»), où 2 000 à 3 000 habitants musulmans se sont livrés à un massacre en règle. Des dizaines de maisons et de commerces coptes ont été pillés et incendiés. La police a dû ouvrir le feu pour disperser les manifestants. Selon le ministère égyptien de l'Intérieur, le bilan est d'au moins 25 morts, plusieurs «disparus» et 44 blessés. La police n'a pas précisé la confession des victimes, mais l'évêque Wissa, dont dépend la paroisse d'Al-Kocheh, affirme que tous les morts sont chrétiens. Selon lui, «des corps ont été brûlés par les émeutiers». Depuis dimanche soir, la région est coupée du reste de l'Egypte. Les forces de sécurité du ministère de l'Intérieur ont installé des barrages qui int