Une camionnette chargée d'un énorme dossier riche de quatorze
annexes est partie hier de Bruxelles pour la Cour de justice de Luxembourg, matérialisant l'entrée dans la phase judiciaire du contentieux franco-européen sur le boeuf britannique. Dernière étape d'un feuilleton qui dure depuis septembre dernier, la plainte de la Commission européenne est le dernier moyen juridique possible pour contraindre Paris à lever son embargo sur les exportations de british beef. Mais les éleveurs d'outre-Manche devront prendre leur mal en patience: sachant que les procédures devant la Cour de justice de l'Union européenne durent en moyenne 22 mois, ce n'est pas demain qu'ils peuvent espérer voir leurs ventes dans l'Hexagone retrouver leur niveau d'avant l'embargo européen décrété en 1996, puis levé le 1er août dernier par tous les pays de l'Union, sauf la France et l'Allemagne (lire ci-dessous).
Bien que Londres ait demandé une accélération de la procédure, il semble peu probable que la Commission européenne y souscrive. Car les actions en référé restent rarissimes et sont assorties de conditions très restrictives qui obligeraient les services juridiques bruxellois à prouver que les exportateurs britanniques subissent un préjudice irréparable. «Il y a des règles très strictes et la Commission ne demandera des mesures provisoires que si elle pense avoir de bonnes chances de les obtenir», déclarait lundi le porte-parole de l'exécutif européen.
Dans sa réponse à l'ultime injonction de Bruxelles,