Fuerteventura (îles Canaries), envoyé spécial.
A vec sa fine barbe soignée, son port digne de Sahraoui, Ahl Laablad Hammida donne une impression de sérénité. Dans ce centre de la Croix-Rouge de Puerto del Rosario principale ville de l'île canarienne de Fuerteventura où on le loge, il ne se départ pas de son flegme, malgré les cris de ses sept rejetons et les plaintes de sa femme Hadhoum. Ici, aux îles Canaries une des 17 régions d'Espagne , son histoire a pourtant fait grand bruit. Le 25 novembre, peu avant l'aube, Ahl Laablad et les siens débarquent sur la plage de Jandía, à l'extrême sud de Fuerteventura, à bord d'une patera, une petite embarcation de bois. On s'est déjà habitué, ici, à l'arrivée massive d'immigrants en provenance du Maroc. Mais, cette fois-ci, c'est une famille entière qui atteint les côtes. La nouvelle déclenche une solidarité immédiate. Une dizaine d'heures plus tôt, Ahl Laablad est parti depuis Amgriou, un port marocain à une soixantaine de milles (soit 1 852 mètres) de là. Dans un mauvais espagnol, il témoigne: «Comme tous les autres, j'ai loué les services d'un patron et d'un marin professionnel. En tout, j'ai payé 300 000 pesetas (environ 12 000 francs). Je viens de Dahlas, plus au sud. On vivait mal et je ne pouvais plus supporter les exactions de la police marocaine.Cette expédition, je l'ai préparée depuis un an. En général, les gens partent seuls. Moi, c'était avec ma famille ou rien.» Aujourd'hui, il se dit sans argent et attend impatie