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Libération

De Gaulle-Churchill, frères ennemis. Des dépêches de 1943 révèlent que pour son allié le général était à «éliminer».

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publié le 6 janvier 2000 à 22h08

Londres, de notre correspondant.

Al'aube de l'an 2 000, Français et Britanniques ont choisi leur grand homme. Selon tous les sondages et jugements d'historiens, le XXe siècle appartient à Churchill d'un côté de la Manche, à de Gaulle de l'autre. Deux alliés dans la guerre, selon la légende dorée des relations entre Paris et Londres, deux ennemis irascibles et passionnés, comme le montre une série de télégrammes de Winston Churchill et du président américain Roosevelt rendus publics hier en Grande-Bretagne.

Selon ces documents qui datent d'un séjour du Premier ministre britannique en 1943 à Washington, Churchill voulait tout simplement «éliminer politiquement de Gaulle». Les télégrammes adressés par Churchill à ses ministres restés à Londres sont apparus tellement injurieux aux responsables anglais d'aujourd'hui que leur publication prévue pour 1993, cinquante ans après leur rédaction, a été reportée à cette année. En 1993, raconte The Independent, le gouvernement britannique de John Major n'avait pas voulu gâcher les préparatifs des célébrations du Débarquement.

Les querelles entre les deux grands hommes étaient connues et, dans leurs mémoires, ni le Premier ministre britannique ni le chef de la France libre réfugié à Londres en 1940 ne cachent leurs rivalités et antipathies. Mais ces télégrammes diplomatiques classés «très secrets» révèlent dans les mots mêmes de Churchill sa perception négative de De Gaulle, partagée par le président américain. Les documents ont été rédigés