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Libération
Interview

L'historien François Bédarida éclaire les relations entre les Alliés: «Roosevelt détestait de Gaulle».

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publié le 6 janvier 2000 à 22h07

L'historien François Bédarida vient de publier une biographie de

Winston Churchill (éd. Fayard). Directeur de recherches au CNRS, c'est un spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de la société anglaise.

Churchill détestait-il de Gaulle?

Non. De juin 1940 à la mi-41, leurs relations étaient même très bonnes. Tous les deux étaient des patriotes qui voulaient se battre et gagner la guerre. Mais plus de Gaulle était faible, plus il devait être ferme, intransigeant. Churchill était exaspéré par cette attitude et il jugeait de Gaulle arrogant, ingrat et anglophobe. Les affaires de Syrie en 1941, et surtout la mise à l'écart complète de De Gaulle lors du débarquement allié en Afrique du Nord de novembre 1942, avaient tendu l'atmosphère.

C'est donc un choc de personnalités?

Pas uniquement. Au-delà des affaires de personnes ­ et il faut compter avec le caractère soupe au lait de Churchill ­, le Premier ministre britannique a dû s'aligner sur la position des Etats-Unis, qui voulaient se débarrasser du chef de la France libre.

Pourquoi?

Roosevelt détestait vraiment de Gaulle et jugeait ses prétentions ridicules. Pour lui, la France était fichue, hors jeu. Washington a d'abord misé sur Vichy, puis sur Darlan et enfin sur le général Giraud. L'entourage du président américain était très antigaulliste. Le secrétaire d'Etat Cordell Hull s'étranglait quand on lui parlait de De Gaulle et l'amiral Leahy avait été ambassadeur à Vichy" Mais quel besoin avait Churchill de s'aligner sur la positio