Moscou, de notre correspondant.
Avant de partir, outre la valise nucléaire, Boris Eltsine a donné son stylo Parker à Vladimir Poutine. Mais l'avenir du président russe par intérim, c'est-à-dire son élection lors du prochain scrutin, fixé au 26 mars, se joue moins autour d'une plume en or que dans les rues éventrées de Grozny (lire pages 8 et 9).
Parmi les facteurs qui ont conduit Eltsine, conseillé par la «famille», à démissionner le 31 décembre, le dossier tchétchène a été déterminant. Poutine a passé le réveillon en Tchétchénie comme il l'avait promis, «pour être là où se décide le sort de la Russie». Goudermès était au programme, mais, à cause du brouillard, il a dû se contenter d'un sanatorium du FSB (ex-KGB) à Marachkala. Toute la popularité de Poutine tient dans son «image d'homme à poigne» qui, en abattant les «bandits» tchétchènes, redonne force et fierté à la Russie. C'est une carte qu'il entend renforcer avec le bonus de l'aura présidentielle: sa meilleure campagne consistera à ne pas en faire. Le scénario a toutes les chances d'être gagnant, pourvu que l'issue de la guerre ne le contrarie pas.
Risque de lassitude. Les généraux russes avaient parlé du jour de l'an, «au plus tard», pour la prise de Grozny. Aujourd'hui, ils ne donnent plus de date. Depuis l'assaut contre Grozny le 25 décembre, les Russes font face à une résistance acharnée. Signe qui ne trompe pas, les forces du ministère de l'Intérieur (qui sont en pointe dans les quartiers de Grozny) critiquent ouve