Un simple coup d'oeil à la carte permet de saisir une histoire de
plus d'un siècle. Ce doigt qui s'enfonce vers le coeur de l'Afrique renvoie à la ruée vers le continent noir à laquelle se livraient, dans le dernier quart du XIXe siècle, les puissances coloniales de l'époque, ignorant les frontières ethniques et géographiques. La bande de Caprivi est un exemple de découpage aberrant parmi d'autres en Afrique subsaharienne, petit bout de terre explosif dont trois touristes français ont été les victimes inconscientes. Un endroit exceptionnel, le seul au monde où se rencontrent quatre pays différents: Angola, Zimbabwe, Botswana et Namibie.
Province de Pretoria. C'est à un ancien chancelier allemand des années 1890, Georg Leo, comte de Caprivi, que cette région de Namibie doit son nom actuel, étrangement maintenu après l'indépendance du pays, en 1990. L'Allemagne était, à la fin du XIXe siècle, l'un des principaux protagonistes de la conquête coloniale, du Dahomey au Cameroun, du Tanganyka au Sud-Ouest africain (l'ancien nom de la Namibie). Des territoires qu'elle perdra à l'issue de la Première Guerre mondiale et que se partageront les autres puissances européennes. Caprivi avait échangé avec les Anglais la colonie allemande de Zanzibar, dans l'océan Indien, contre l'Heligoland, bande de terre de 400 km de long et de pas plus de 20 à 50 km de large selon les zones, à laquelle il donna son nom. Son objectif: tenter de relier les colonies allemandes d'Afrique du Sud-Ouest et de l