Menu
Libération

Dans le fief perdu des wahhabites. Les habitants d'Ourous Martan dénoncent l'intégrisme et la propagande.

Article réservé aux abonnés
publié le 8 janvier 2000 à 22h05

Ourous Martan, envoyé spécial.

Lioma Chamilov manie la bêche comme d'autres une cognée. Il passe sa rage et son désespoir , pelletée après pelletée, le regard vague, les larmes aux yeux. «Pendant dix-neuf ans, sans répit, j'ai trimé dur sur les chantier du Kazakhstan pour gagner de quoi construire cette maison. En moins d'une minute, les Russes l'ont détruite... Et ma vie avec.» La vaste bâtisse n'est que décombres, frappée de plein fouet par quatre roquettes. Le vieil homme a remisé à l'écart ces éclats de métal, tranchants comme des rasoirs, qui ont ravagé son foyer. Une ruine, mais toujours onze personnes à loger quand, déjà, la neige commence à tomber. Tout juste rentré d'Ingouchie, après deux mois dans un camp de réfugiés, la famille Chamilov doit s'entasser dans une seule chambre, chez un voisin. «La voilà leur aide humanitaire, gronde Lioma, les Russes se foutent bien de savoir qui tuer. Bons ou mauvais, riches ou pauvres, ouvriers ou patrons, pour eux les Tchétchènes se valent tous, constate-t-il, ce ne sont que des cibles».

Dure leçon pour ce retraité industrieux «qui jamais ne s'est intéressé à la politique». Lioma avait même accueilli avec une certaine bienveillance l'intervention des troupes fédérales. «Il était temps de remettre de l'ordre . Ces trois dernières années, le peuple a trop souffert. Les commandants ne s'occupaient que de leurs affaires, achetaient armes et belles voitures. Ils ont laissé les wahhabites endoctriner notre jeunesse.»

Les militants d'un i