Rien ne pouvait plus sauver la vie du jeune meurtrier. La grue, que
l'on utilise comme potence en Iran, trônait depuis la veille sur la place de l'Imam Hussein à Téhéran. De 5000 à 6000 personnes s'étaient réunies depuis 2 h du matin pour assister à la pendaison et toutes les avenues qui menaient à ce quartier pauvre du sud-est de la capitale étaient fermées à la circulation. Le représentant du tribunal comme celui de la Cour suprême avaient donné lecture de l'acte ordonnant l'exécution sur les lieux mêmes où avaient été commis le crime. Et, depuis une demi-heure, la corde était au cou du futur supplicié. Le procès avait d'ailleurs eu lieu avec une célérité très inhabituelle. Il n'avait fallu que deux jours à la Cour suprême pour approuver la condamnation à mort alors que prendre une telle décision lui demande, habituellement, plusieurs années. Il est vrai que le président du Parlement, l'hodjatoleslam Ali Akbar Nategh-Nouri, l'un des chefs de file des conservateurs, avait demandé en séance publique et à plusieurs reprises l'exécution «le plus vite possible» du jeune homme. Pour «consoler la famille (de la victime) et la population», avait-il plaidé.
Comme pour l'Imam Ali. En fait, le crime avait provoqué la colère de toute la mouvance conservatrice. Le meurtrier, Morteza Amini-Moghadam, âgé de 17 ans au moment des faits, avait tué à coups de couteau un volontaire du bassidj (la milice islamique) dans la boutique de son père. Dès lors, les conservateurs entendaient faire un e