«Elle va tomber, elle va tomber, la dictature va tomber!» Le slogan
a été proféré sous les fenêtres du palais présidentiel à Lima, jeudi après-midi, par quelque trente mille personnes. Des groupes de jeunes criaient: «Ole le le, ola la, on va chasser le Chinois.» De nombreuses femmes, se présentant comme les «veuves de la démocratie», s'étaient vêtues de noir. Des rassemblements analogues ont animé les principales villes de province, notamment Arequipa, Iquitos et Trujillo.
A l'appel de l'opposition et des syndicats, les manifestants protestaient contre la candidature, désormais officielle, du président Alberto Fujimori à un troisième mandat, lors des élections du 9 avril. Une prétention que ses adversaires qualifient de «coup d'Etat». La Constitution interdit en effet au «Chino» (le surnom de Fujimori, dû à ses origines japonaises) de se présenter une nouvelle fois. Or il a été élu président en 1990, puis réélu en 1995. Mais l'intéressé considère qu'il n'en est qu'à son premier mandat depuis l'entrée en vigueur de l'actuelle Constitution. Une interprétation très contestable, mais qu'a finalement avalisée l'an dernier la Cour suprême, après que Fujimori eut destitué et remplacé les juges récalcitrants. Il paraît assuré de l'emporter au printemps, au vu des sondages. Il doit sa popularité à la quasi-élimination des mouvements subversifs, notamment le Sentier lumineux, qui ensanglantaient le pays au début de la décennie, et à la stabilité économique retrouvée après des années d'