Kenema, envoyé spécial.
La tonnelle verte, qui manque de recouvrir la piste en latérite, s'élargit en une vaste clairière dans la forêt tropicale: Kokoru, avec ses quelque 3 000 habitants, est un village important de la zone frontalière avec le Liberia. «Je crois que, cette fois, la guerre est vraiment finie», assure Moussa Ansumana. Le petit homme rondouillard en veut pour preuve que des rebelles, et même les civils sous leur contrôle, viennent désormais chercher de la nourriture et des vêtements en ville. «Ils grappillent des choses, mais sans violence. Ils s'assoient pour discuter avec nous. Quand les gens s'enfuient, ils se fâchent presque. Ils disent qu'ils ne veulent plus faire peur à personne.» C'est difficile: pendant huit ans, les partisans du Front révolutionnaire uni (RUF) ont terrorisé la population dans l'est de la Sierra Leone. Retranchés dans leur fief d'origine depuis qu'un accord de paix a été signé en juillet, certains d'entre eux sont à présent tentés de jouer le jeu de l'amnistie qui leur a été offerte.
Terre brûlée. A Kokoru, au milieu des huttes de branchage, un bâtiment en dur, fraîchement repeint en jaune canari, abrite la «clinique de brousse» de Médecins sans frontières (MSF). Moussa Ansumana en est le responsable. Il s'explique longuement sur l'endémique fléau du paludisme, les nombreux cas de diarrhées hémorragiques dues à la contamination de l'eau en ce début de saison sèche et sur la malnutrition des villageois «qui sortent de la jungle». L'u