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Libération

Allemagne: les femmes au combat. L'armée désormais obligée d'appliquer l'égalité des sexes.

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publié le 12 janvier 2000 à 22h00

L'armée allemande, qui cantonne les femmes aux services de santé et

aux fanfares, n'a pas le droit de leur refuser le port des armes, selon un arrêt de la Cour de justice européenne prononcé hier. Saisie par une jeune diplômée en électrotechnique, Tanja Kreil, dont la demande d'engagement dans la Bundeswehr a été rejetée en 1996 au motif qu'elle était une femme, la Cour de Luxembourg a estimé que la loi allemande est contraire à la directive de 1976 sur l'égalité de traitement entre les sexes. Les représentants allemands ont plaidé que l'exclusion des femmes de l'armée ­ inscrite dans la Constitution ­ était le fruit d'une «obligation morale» découlant du passé douloureux du pays. Ils ont aussi fait valoir que la directive de 1976 prévoit des dérogations lorsque le sexe peut constituer un facteur déterminant pour certaines activités spécifiques, notamment l'appartenance à des unités spéciales de combat, comme le corps d'élite des Royal Marines en Grande-Bretagne.

Mais les magistrats ont tranché: être un homme n'est pas une condition déterminante pour porter les armes. «Ce n'est pas un hasard, sauf exceptions limitées à des hypothèses bien spécifiques, si les femmes sont régulièrement employées sans distinction dans toutes les armées de la Communauté et de l'Otan», écrit l'avocat général Antonio La Pergola. Tanja Kreil va donc reposer sa candidature et l'Allemagne devrait normalement réécrire le passage de sa Constitution empêchant les femmes d'être «en aucun cas» exposées au