Alphonse, le frère de Denise Chanfreau, a été enlevé par des hommes
en civil à Santiago du Chili dans la nuit du 31 juillet 1974, à l'âge de 24 ans. Né au Chili dans une famille française qui avait émigré au début du siècle, il est l'une des victimes de la dictature au nom desquelles la justice française souhaite entendre Augusto Pinochet. Depuis mardi, le formidable espoir qu'avaient ressenti les familles de disparus à l'annonce du maintien de l'ex-dictateur chilien sur le sol britannique en novembre 1998 a fait place à la consternation. «Je ne m'y attendais vraiment pas. Je savais que la Grande-Bretagne pouvait décider de le laisser partir, mais je ne voulais pas y croire.» Denise Chanfreau vit désormais en France. Harcelée par la police, elle a dû quitter le Chili peu de temps après la disparition de son frère. Elle y retourne régulièrement. L'année dernière encore. «La pression était très forte. Les journaux publiaient tous les jours des articles appelant à juger Pinochet au Chili plutôt qu'en Europe. Alors, on est ambivalent. Si vraiment Pinochet est malade, il vaut mieux qu'il meure au Chili. Je ne veux pas qu'on en fasse une victime. D'un autre côté, je me demande si les pressions diplomatiques du gouvernement chilien n'ont pas joué un rôle majeur. Pour l'Angleterre, cette affaire était un poids.» Pinochet est-il vraiment aussi malade que le disent les experts? «Bien sûr, j'ai vu des images qui le montrent vieux et fatigué, dit Denise Chanfreau. Mais je me dis que