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Libération

Entre libéraux et oligarques, le coeur de Poutine balance. Officiellement candidat, il ménage les divers clans russes.

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publié le 14 janvier 2000 à 21h57

Moscou, de notre correspondante.

Vladimir Poutine, Président en exercice et Premier ministre de Russie, est un calculateur. Il étudie longuement ses coups. Puis il les joue en douce, sans un mot, entretenant le mystère sur ses intentions. Ainsi pourrait-on résumer le style Poutine: un art certain de l'équilibre sous des dehors martiaux.

Partage du gâteau. Comme il est naturel, après sa nomination à la tête de l'Etat le 31 décembre, Poutine a commencé à placer ses hommes. Mais le va-t-en guerre, qui donna un jour l'ordre de «buter les bandits [tchétchènes] jusque dans les chiottes», manoeuvre prudemment. Le but: garder tous ses soutiens d'ici la présidentielle du 26 mars.

C'est que malgré son incontestable popularité, Poutine est en situation délicate. Il n'a pas sa propre équipe et balance entre deux «groupes»: celui des «libéraux» de Saint-Pétersbourg ­ sa ville natale ­, emmené par Anatoli Tchoubaïs, et celui des «oligarques» proches de la Famille ­ le clan qui entourait Eltsine ­, emmené par Boris Berezovski. Chaque groupe revendique une influence déterminante. Chacun entend aussi s'assurer la plus grande part du gâteau lors du partage des postes après l'élection présidentielle, la victoire de Poutine étant selon eux acquise.

Si l'on regarde les dernières nominations, le clan des «libéraux» a un léger avantage. Lors du remaniement du 10 janvier, Poutine a rétrogradé un homme de Berezovski: le premier vice-Premier ministre Nikolaï Aksenenko, qui n'est plus que ministre des Che