Alors que la crise tchétchène provoque un regain de tension entre la
Russie et les Etats-Unis, Moscou a rendu publique vendredi sa nouvelle doctrine militaire, qui abaisse le seuil d'emploi des armes nucléaires. «Le niveau et l'échelle des menaces dans la sphère militaire sont en accroissement», constate le document publié par un journal militaire. Désormais, «pour garantir sa sécurité nationale», la Russie considère qu'elle peut utiliser «toutes les forces et tous les équipements à sa disposition, y compris les armes nucléaires, s'il faut repousser une agression armée et si tous les autres moyens de régler la crise ont été épuisés ou se sont révélés inefficaces». Le concept précédant, datant de 1997, ne prévoyait l'emploi du nucléaire que dans le cas d'«une agression armée qui apparaîtrait comme une menace pour l'existence même de la fédération de Russie». «A première vue, il n'y a pas de raisons de s'alarmer, cela ne change pas grand-chose», estimait-on vendredi soir au siège de l'Otan à Bruxelles.
Ce durcissement théorique intervient alors que l'armée russe ne cesse de moderniser ses armes nucléaires. Le 15 décembre, Vladimir Poutine a assisté au tir réussi d'un missile intercontinental SS-27 Topol-M, quelques jours après qu'une nouvelle unité de ces missiles eut été déclarée opérationnelle dans la région de Saratov (sud-est de Moscou).
Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères, s'en est pris vendredi aux Etats-Unis, qualifiant de «soutien de facto aux terroriste