Pékin digère mal la fuite du dix-septième gyalwa karmapa-lama. Le
jeune garçon de 14 ans, Urgyen Trinley Dorje de son nom civil, a faussé compagnie à ses gardes chinois et parcouru avec trois autres moines 1 400 km à travers l'Himalaya pour rejoindre en Inde, le 5 janvier dernier, le gouvernement du Tibet en exil. «Pékin escomptait utiliser un jour pleinement le karmapa pour contrer le pouvoir du dalaï-lama», que les autorités chinoises qualifient de «traître», explique le tibétologue Laurent Deshayes. «Sa fuite va probablement provoquer une nouvelle vague de répression dans les monastères.» La dérobade du petit moine n'a pas entamé la volonté de contrôle de Pékin sur les affaires religieuses. Renforçant encore le lien qu'elles ont établi ces dernières années entre l'Eglise et l'Etat, les autorités chinoises ont affirmé jeudi, haut et fort, disposer du pouvoir de décider des «réincarnations» de lamas tibétains. Le pouvoir communiste, qui professe officiellement l'athéisme, revendique en outre la suprématie de sa décision sur celle du dalaï-lama, pourtant reconnu (depuis l'an 1642) comme le chef spirituel et temporel du Tibet. «Le rôle du gouvernement, vient d'annoncer un officiel du bureau des Affaires religieuses du gouvernement chinois, est de superviser le travail de recherche (de l'enfant «réincarné», ndlr), afin de vérifier que le lama décédé a les qualités requises pour être réincarné.»
Bon élève. Le Parti communiste chinois, qui s'est toujours donné beaucoup de mal pou