Trois mois après le début de l'offensive terrestre en Tchétchénie,
début octobre, les forces russes se heurtent à un ennemi implacable: le temps qui passe. Les hommes s'usent au combat, et, faute d'effectifs suffisants, Moscou ne peut pas les relever.
Depuis quatorze semaines, les soldats russes sont engagés dans un conflit de haute intensité. Les combats à Grozny la capitale tchétchène et dans les montagnes du Sud sont particulièrement violents. Les artilleurs ne cessent de tirer et les pilotes effectuent tous les jours des missions de combat. Même les arrières restent dangereux: jeudi, un hôpital militaire a été attaqué par un groupe tchétchène à Chervlennaya, au nord du fleuve Terek. Les pertes sont élevées: 500 morts officiellement, sans doute deux ou trois fois plus en réalité. La guerre use les militaires russes.
Toutes les armées connaissent ce problème: au bout de quelque temps, il faut relever les soldats. Ainsi, les pilotes français qui ont participé aux «frappes» contre la Yougoslavie ne restaient qu'un mois sur place. Et, pourtant, ils dormaient tous les soirs dans des hôtels italiens" En Tchétchénie, Moscou n'a pas vraiment les moyens de remplacer ses soldats. 100 000 militaires et environ 30 000 policiers du MVD, des forces spéciales du ministère de l'Intérieur: c'est ce que la Russie peut engager, mais pour une période de quelques mois, pas plus. «L'armée russe n'est pas capable de maintenir une force de cette taille pendant une longue durée», affirme Michae