Londres, de notre correspondant.
L'Holocauste est en procès dans un tribunal de Londres. Ainsi en a décidé le Britannique David Irving, historien négationniste et à succès qui voudrait sauver sa réputation déjà sérieusement entachée. Irving a porté plainte pour diffamation contre Deborah Lipstadt, professeur à l'université Amory d'Atlanta, qui l'accuse d'être «un partisan d'Hitler».
Irving est un homme dangereux, parce qu'il a du talent. Avant de sombrer dans le négationnisme rampant, il fut l'un des historiens les plus populaires de Grande-Bretagne. Ses livres sur le IIIe Reich furent tous des best-sellers, soulevant à chaque fois controverses et passions. Germaniste exceptionnel, Irving est un fou des archives et il a plusieurs fois découvert des documents qui ont changé l'historiographie du IIIe Reich.
Témoin et avocat. Dans la petite salle 73 de la Haute Cour de Londres, il a choisi de se défendre seul, pied à pied. Portant bien la soixantaine, Irving, qui a des allures de boxeur à la retraite, est tour à tour témoin et avocat. Son procès fait recette. Le tribunal a dû déménager, la salle retenue la semaine dernière pour l'ouverture du procès était trop petite. Des rescapés de l'Holocauste, des jeunes juifs en kippa, de rares proches du dangereux historien se pressent jour après jour pour voir Irving défendre ses thèses périlleuses.
L'historien, âgé de 61 ans et fils d'un capitaine de vaisseau qui se battit contre l'Allemagne, a une obsession qui traverse tous ses livres: