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Portrait

Le socialiste élu Président dimanche souhaite la réconciliation. Lagos: «personne n'est de trop au chili».

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publié le 18 janvier 2000 à 21h54

Santiago, de notre correspondant.

Un doigt accusateur a lancé la carrière politique de Ricardo Lagos. Pointant son index vers une caméra de télévision, il demandait, en avril 1988, à Augusto Pinochet de quitter le pouvoir. Il est aujourd'hui, à 61 ans, le nouveau président chilien. Détenu loin de son pays, l'ancien dictateur tente, lui, d'échapper à la justice européenne (lire ci-contre).

«Un cartésien». Ce geste courageux avait permis à Lagos de s'affirmer comme l'un des principaux artisans du retour de la démocratie au Chili. Fervent partisan du référendum organisé en octobre 1988 par le gouvernement militaire, il souhaitait battre Pinochet selon les règles que l'ancien dictateur avait lui-même fixées. Car une victoire du «non» à Pinochet lui paraissait possible. Les proches de Ricardo Lagos ne le décrivent pourtant pas vraiment comme un utopiste. «Il est au contraire plutôt cartésien», explique Jaime Estevez, ancien président de la Chambre des députés et vice-directeur de sa campagne présidentielle. «C'est un homme classique et instruit. Un intellectuel qui a choisi de faire de la politique.»

Issu d'une famille de classe moyenne de tradition radicale, laïque sans être rejeté par l'Eglise catholique, opposé à l'avortement mais partisan du divorce, Ricardo Lagos a été un brillant universitaire avant d'entamer sa carrière politique. Avocat de formation, il a passé au début des années 60 un doctorat d'économie aux Etats-Unis. Professeur à l'université du Chili après son retour