Tokyo, de notre correspondante.
Un moine bouddhiste dit une prière dans une petite salle de réunion éclairée au néon. Deux photos de crânes humains non identifiés sont disposées face à lui sur un autel. Quelques personnes seulement assistent à cette étrange cérémonie du souvenir organisée à la demande d'un groupe de citoyens de l'arrondissement de Shinjuku, au coeur de Tokyo. Voila dix ans, plusieurs dizaines d'ossements humains ont été découverts dans ce quartier pendant des travaux de terrassement. A l'époque, la découverte avait fait grand bruit. Car à l'emplacement du site, situé dans ce qui est aujourd'hui le parc de Toyama, étaient concentrées du début des années 30 jusqu'au milieu des années 40 les installations médicales les plus avancées de l'armée impériale.
S'y trouvait notamment une école militaire de médecine qui, selon certains historiens, aurait conduit des recherches sur la guerre bactériologique en coopération avec la tristement célèbre «unité 731». Les ossements humains ont été exhumés à l'endroit de cette école. «Ils sont peut-être l'une des seules preuves matérielles trouvées dans l'archipel des atrocités commises par l'armée impériale pendant la guerre», explique l'historien Keiichi Tsuneishi, professeur à l'université de Kanagawa, auteur de plusieurs ouvrages sur l'unité 731. «Il est de la responsabilité de tout Etat de droit de faire la lumière sur cette affaire.»
Enquête au point mort. Mais depuis dix ans, malgré la mobilisation de l'association de cit