West Columbia, envoyé spécial.
L'immense photo du jeune pilote de chasse souriant qui pose, à la «Top Gun», en tenue de vol devant son A-4 Skyhawk, domine une extrémité de la grande tente blanche dressée en bordure de la route 1. A l'autre bout de la tente, c'est le même homme, en chair et en os, qui s'adresse aux centaines de militants et de curieux qui se pressent pour le voir, et qui sollicite leur vote. Il a 63 ans, le visage s'est empâté, les cheveux ont blanchi, et les gestes ont la rigidité un peu mécanique d'un automate. Mais entre la photo et le candidat, le «mythe McCain» est en train de bousculer le jeu politique américain.
La campagne de l'ultra-conservateur sénateur de l'Arizona, candidat à l'investiture républicaine pour la course à la Maison Blanche, est devenue, comme l'écrit le très libéral New Yorker, «le morceau de bravoure émotionnelle de la campagne, le noeud du drame politique». «Merci de m'avoir suivi dans cette grande croisade», dit McCain de sa voix au débit de mitrailleuse. «Go John, go!!!», scande la foule extatique.
«McCain égale Honneur, point à la ligne», dit Larry Bull, entrepreneur quinquagénaire à la barbe grisonnante et au long catogan. «Quand il vous regarde de ses petits yeux bleus perçants et qu'il dit: "Je vous jure sur l'honneur que je rendrai sa dignité à la Maison Blanche, tous les poils de mon corps se hérissent.» La campagne McCain carbure à un mélange puissant de nostalgie pour un monde révolu où des vertus comme l'honnêteté et la fr