Berlin, de notre correspondante.
Helmut Kohl bouté de son trône par son propre parti: le scandale des caisses noires de l'Union chrétienne démocrate (CDU) a pris hier une dimension plus rocambolesque encore que personne ne pouvait imaginer. «Helmut Kohl enfreint ses devoirs de président d'honneur s'il continue à refuser de contribuer à surmonter la crise», a osé rédiger et voter hier la direction de la CDU. Tant qu'il se refuse à mettre à jour le système de caisses noires qu'il avait mis en place, «il devrait remettre son titre de président d'honneur», poursuivent ses anciens fidèles.
Lâché par son propre parti, l'ancien chancelier de la réunification n'a pas tardé à réagir: il a annoncé dans la soirée qu'il abandonnait ce titre de président d'honneur plutôt que de dévoiler les noms de ses généreux donateurs, comme le parti l'y exhortait. La CDU «est et restera ma patrie politique», souligne le patriarche, âgé de 67 ans, dans une pathétique déclaration de quelques lignes, rappelant qu'il en est membre depuis cinquante ans. «J'ai fait des erreurs», reconnaît Kohl, mais «j'ai toujours essayé de faire mon devoir», plaide-t-il.
Avant d'en arriver là, au cours d'une dramatique réunion de crise, convoquée hier à Berlin, le président du parti, Wolfgang Schäuble, avait lui-même proposé de démissionner, ayant lui aussi reçu un don occulte. Complètement déboussolé, le présidium du parti s'est accroché à lui comme à sa dernière bouée, annonçant qu'il préférerait démissionner collectivem