Berlin, de notre correspondante.
Le scandale de la CDU n'est pas simplement l'affaire de quelques dizaines de millions transférés sur des comptes secrets. Pour l'Allemagne, profondément traumatisée par cette affaire, il y a va des fondements mêmes de sa démocratie, installée après 1945 pour faire oublier la dictature nazie. Le mythe d'une démocratie modèle, qui se voulait parmi les plus propres et les mieux policées au monde, est brisé.
Fondée après la guerre, à partir de cercles d'opposants au nazisme comme le premier chancelier Konrad Adenauer, l'Union chrétienne-démocrate est d'abord le parti qui a redonné à la république fédérale d'Allemagne un voile de virginité démocratique. Au pouvoir de 1949 à 1969, puis de 1982 à 1998, elle a contribué à faire de la RFA une démocratie exemplaire, effaçant non seulement les souvenirs de la dictature nazie mais aussi ceux du chaos de la république de Weimar. La preuve que les Allemands étaient capables de vivre en paix et en harmonie avec eux-mêmes.
Machination cynique. Un détail particulièrement macabre vient aujourd'hui ébranler jusqu'au tréfonds ces belles certitudes: pour masquer l'origine des fonds cachés sur des comptes en Suisse ou au Liechtenstein, la fédération CDU de Hesse avait eu le culot de déclarer qu'il s'agissait de legs d'émigrés juifs! Depuis quatre jours que la nouvelle est connue, la presse allemande n'en revient toujours pas que les dirigeants du parti aient pu imaginer une machination aussi cynique.
Comme aucun autre