Rome, de notre correspondant.
Exilé depuis 1994 à Hammamet, en Tunisie, l'ancien président du Conseil italien Bettino Craxi est mort d'une crise cardiaque, hier à 65 ans. Condamné à vingt-sept ans de réclusion (dont cinq ans confirmés en appel) pour de multiples affaires de pots-de-vin, il avait préféré fuir l'Italie. Vilipendé, abandonné et désigné comme le principal responsable du système de corruption généralisée révélé par l'opération Mains propres à partir de 1992, Craxi aura néanmoins été un temps l'homme le plus populaire d'Italie ainsi que l'artisan de la modernisation et de l'accès au pouvoir du parti socialiste. Avec un redoutable sens politique et un goût effréné du pouvoir, l'ex-leader du PSI aura représenté pendant plus de quinze ans une sorte de Mitterrand transalpin. D'ailleurs, les deux hommes ne cachaient pas qu'il partageaient depuis les années 70 le même dessein politique: rénover le socialisme et rééquilibrer les rapports de force à gauche au détriment des tout-puissants partis communistes français et italien.
D'origine sicilienne, fils d'un résistant antifasciste, il s'empare dès 1976, à 42 ans, de la direction du PSI. Militant de la première heure, il prend les rênes d'un parti moribond, tombé à son plus bas niveau depuis la guerre (9,6%), marginalisé par le PCI et la Démocratie chrétienne (DC) qui absorbent les trois quarts des suffrages. Membre du courant modéré, violemment antistalinien, Craxi choisit de tirer la vieille maison socialiste de son isole