Londres, de notre correspondant.
Il est des manchettes dont le Premier ministre le plus populaire de l'après-guerre se passerait. «Les problèmes s'accumulent pour les travaillistes», titrait hier le quotidien Guardian, pourtant proche de ce parti. Un sondage, ce week-end, confirmait que l'étoile de Tony pâlissait. En neuf mois, sa popularité jusqu'à présent inoxydable est passée de 62% d'opinions favorables à 49%. Un chiffre encore enviable après deux ans et demi de gouvernement, d'autant que la droite reste dans les choux, mais pour la première fois les électeurs se disent mécontents d'un Premier ministre à qui tout paraissait réussir.
Morgues improvisées. Le méchant virus de la grippe de Sydney qui a mis à nu l'état lamentable des services de santé est la cause principale de ce détachement des Britanniques. Depuis deux semaines, les journaux et télés sont remplis d'histoires désolantes de cancéreux condamnés à attendre des mois une opération salvatrice en raison de la surcharge des hôpitaux, de morgues improvisées et de médecins et infirmières se déclarant incapables de bien soigner. Dimanche dernier, le Premier ministre, sentant l'orage, a donné d'urgence une interview à la BBC. Blair est apparu défensif, reconnaissant que le National Health Service (NHS) était malade et promettant de le mettre au niveau des systèmes de santé français ou allemand. Le NHS, créé après la guerre par les travaillistes et supposé offrir des soins gratuits et universels «du berceau à la tombe», e