Bangkok, de notre correspondant.
«Moi, je ne vois pas, elle, elle ne parle pas. On forme un couple idéal», blague le président indonésien Abdurrahman Wahid à moitié aveugle en parlant de Megawati Sukarnoputri, la vice-présidente. «Gus Dur», comme on surnomme le chef de l'Etat, arrive toujours à tourner en dérision les situations les plus graves. Mais les bons mots ne suffisent pas à dissimuler un fait que reconnaît la majorité des analystes à Djakarta: cent jours après avoir été élue vice-Présidente du quatrième pays le plus peuplé du monde, Megawati Sukarnoputri, dirigeante du Parti démocratique indonésien (PDI-P, la plus importante formation politique de l'archipel), n'a pas grand-chose à mettre à son actif. «C'est un constat d'absence claire sur la scène politique. Même ses partisans dans le leadership du PDI-P s'inquiètent», estime un observateur occidental à Djakarta.
Quinquagénaire bourgeoise. En juin, des millions d'Indonésiens avaient envahi les rues de la capitale pour manifester leur enthousiasme pour Megawati, qui avait alors emporté plus d'un tiers des suffrages lors du scrutin parlementaire. Cette quinquagénaire bourgeoise et maternelle, fille du premier président indonésien Sukarno, passait alors pour le politicien le plus puissant du pays. Lors de la présidentielle indirecte, en octobre, ses partisans, furieux de ce que leur idole n'accède pas à la tête du pays, avaient mis la capitale au bord de l'émeute. Depuis, Megawati a brillé par son absence, non seule