Miami de notre correspondant
En moins de quarante-huit heures, l'Equateur a connu une insurrection, un coup d'Etat, la succession de deux juntes éphémères, puis l'accession au pouvoir de son sixième Président en quatre ans. Deux véritables journées des dupes qui ont, en fait, ramené le pays à la case départ, puisque le nouveau dirigeant, vice-président du gouvernement déchu, paraît déterminé à mener la même politique. Au moins les apparences démocratiques sont-elles sauves. Le général qui a renversé, vendredi soir, le président Jamil Mahuad et pris la tête, dans la nuit, d'une «junte de salut national» de trois membres, a en effet remis le pouvoir à Gustavo Noboa, un juriste et universitaire de 62 ans, qui a aussitôt été investi par le Parlement et a reçu le soutien explicite des Etats-Unis, et même la bénédiction de son prédécesseur, qui s'est effacé en lui souhaitant bonne chance.
L'affaire commence le 15 janvier. Une dizaine de milliers d'Indiens (qui constituent 40% de la population) investissent les rues de Quito et réclament la démission du président Jamil Mahuad, 50 ans, qui s'est montré incapable de juguler la banqueroute du pays et s'apprête à promulguer de nouvelles mesures d'austérité. Des grèves paralysent la capitale et Guayaquil, deuxième ville du pays. Les affrontements avec la police se multiplient et, mercredi, les manifestations prennent un tour ouvertement politique quand les leaders indigènes demandent aux chefs de l'armée de renverser Mahuad et de reconnaî