Zagreb envoyée spéciale
«T comme" comme" qui donc?» Un mois et demi après la mort du père fondateur de la Croatie indépendante, le très autocrate et nationaliste président Franjo Tudjman, la question, tirée du «Lexique pour les nostalgiques du HDZ» (la Communauté démocratique croate, le parti de Tudjman) publié par l'hebdomadaire privé Globus, en dit long sur l'état d'esprit des Croates qui, trois semaines après avoir confié les rênes du Parlement à une large coalition de centre-gauche, s'apprêtent aujourd'hui à élire un nouveau chef de l'Etat. «La facilité avec laquelle les Croates ont oublié Tudjman est incroyable, s'exclame le rédacteur en chef de Globus, Mirko Galic. Ils ont enterré en même temps Tudjman et le tudjmanisme.» Nouveau climat. Trois semaines après les législatives, le nouveau gouvernement, dont on sait qu'il sera dirigé par le leader social-démocrate Ivica Racan, n'est pas encore formé. Aucune mesure n'a donc été prise, ni aucune réforme lancée. C'est le climat qui a changé. «C'est dans l'air, c'est palpable. Nous sommes finalement libérés. Quand Tudjman était vivant, nous nous imposions une certaine forme d'autocensure et évitions certains thèmes. Maintenant, le dictateur est mort, le HDZ est balayé. C'est un nouveau début», explique le journaliste de la télévision d'Etat Damir Matkovic, qui anime depuis deux ans une association, le Forum 21, dans le but de faire de ce média aux ordres un véritable service public. La rapidité avec laquelle les Croates ont