Dans le cimetière recouvert de neige, Gary Bauer, candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, figure de la droite chrétienne, avance lentement, une rose à la main. Entouré d'une quarantaine de supporteurs, il s'agenouille devant une plaque marquée «baby Isaiah», avant d'y déposer une rose. «Cette tombe est le symbole de la façon dont nous nous débarrassons de nos enfants, comme des verres en carton», assure-t-il avant de repartir. Tout à côté, Jane, une militante antiavortement, explique: «C'est ici que repose le corps d'un enfant mort-né découvert dans un égout en 1994. Apparemment, la mère s'en est débarrassée. Nous avons alors décidé de lui donner une sépulture. Et comme c'est aujourd'hui le 27e anniversaire de la légalisation de l'avortement, nous lui rendons hommage. Parce que, dans l'Iowa, on n'assassine pas les bébés.»
A quelques heures de son caucus (1), qui fait de lui le premier Etat à voter aujourd'hui dans la course à la Maison Blanche de l'an 2000, l'Iowa pourrait réserver quelques surprises. Si Gary Bauer ne rivalise pas avec George W. Bush, le grand favori des républicains pour succéder à Bill Clinton, il a les moyens de jouer les trouble-fête dans cet Etat du Midwest rural et religieux, et cela en misant sur une seule et unique carte, celle de l'avortement. Depuis une semaine, le gouverneur du Texas et fils de l'ancien Président est ainsi accusé par ses principaux concurrents républicains dont le richissime éditeur Steve Forbes, numéro 2 ici dans le