Zagreb, envoyée spéciale.
Après le premier tour, lundi, de la présidentielle, qui a mis en ballottage deux candidats de la nouvelle majorité parlementaire, Stipe Mesic et Drazen Budisa, et envoyé aux oubliettes de l'histoire le parti nationaliste du défunt président Franjo Tudjman, toute la Croatie ne parle plus que d'une chose, ce qu'elle appelle «le phénomène Mesic». L'ascension de l'ex-dissident du HDZ (la Communauté démocratique croate, le parti de Tudjman), qui avait tourné le dos à son maître en 1994 pour protester contre sa politique de division de la Bosnie alors qu'il se trouvait au faîte du pouvoir, paraît irrésistible. Outsider absolu lors du dépôt de sa candidature il y a quinze jours, puisqu'il n'a même pas été élu au Parlement et que son parti, le HNS (Parti populaire croate), n'y a décroché que deux sièges, Mesic, premier de la course avec 41, 6% des suffrages (lire ci-dessous), a réussi à mordre tant sur l'électorat de Drazen Budisa, le candidat libéral commun de la coalition majoritaire au Parlement formée des sociaux-libéraux et des sociaux-démocrates, que sur celui du conservateur modéré Mate Granic, candidat d'un HDZ divisé qui a miné sa campagne. Budisa, qui reste dans la course, et Granic, qui a accueilli sa défaite en gentleman, ont tous deux évoqué «le phénomène Mesic», sans vraiment le saisir, dès l'annonce des résultats du premier tour. Mots simples. Qu'a donc Stipe Mesic que n'ont pas ses concurrents? Face à un Budisa trop cérébral et un Granic on