L'Afrique est atteinte par «l'effet Pinochet». Hier à Dakar, six
organisations pour la défense des droits de l'homme, tant africaines qu'occidentales, ont déposé plainte, pour «crimes contre l'humanité» et «actes de torture», contre Hissène Habré, l'ex-président du Tchad qui vit depuis 1990 en exil dans la capitale sénégalaise. Une association tchadienne de victimes ainsi que sept particuliers ont signé cette plainte qui vise l'ouverture de poursuites contre l'ex-dictateur, au pouvoir à N'Djaména de juin 1982 à décembre 1990, lorsque l'actuel président Idriss Déby l'a renversé avec l'aide de la France.
Fin de l'impunité ici. «Pour la première fois, des victimes africaines demandent au tribunal d'un autre Etat africain de poursuivre un ancien dictateur africain», a déclaré Alioune Tine, représentant d'une organisation sénégalaise. «L'impunité est l'un des fléaux de l'Afrique», a souligné Me William Bourdon de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), «l'arrestation d'Hissène Habré prouverait la capacité africaine d'y mettre fin.» Aujourd'hui, les plaignants et leurs parrains doivent rencontrer le procureur habilité à donner suite à leur plainte et à prendre des moyens de coercition contre l'ex-président tchadien. Celui-ci, aujourd'hui âgé de 57 ans et remarié, vit dans un quartier résidentiel de Dakar. Depuis dix ans, il a respecté l'obligation de réserve qui lui fut imposée comme condition d'accueil après sa chute.
La plainte déposée, fruit de six m